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Fandewigawag!
24 mai 2007

Article de Ethnotempos sur Sarah Ha Safar et An Naer o Nijal

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WIG A WAG - Sarah Ha Safar
(PatchB/Griffe/Sony)

«Wig-a-wag, wig-a-wag...» Revoilà la charrette de la Mort et ses roues au  grincement fatal, grincement qui semble avoir quelque répercussions auditives sur certaines dents. Car l'approche de la musique bretonne par les Tourangeaux de WIG A WAG n'est pas de celle qui convient à tout le monde. En tout cas pas à ceux qui crient au scandale parce que l'usuel accordéon diatonique est remplacé chez WIG A WAG par un accordéon chromatique, si vous voyez ce que je veux dire...  Rendez-vous compte, il paraît même que leurs adaptations de thèmes de danse bretons ou bretonnants découragent les danseurs avertis !

Oui, ça grince chez WIG A WAG, et à tous les niveaux. Le violon de SMAD couine des soubresauts à réveiller... la Mort ?, les bombardes et pipes de Cyrille BONNEAU écorchent comme d'acariâtres noroits, l'accordéon chromatique de Stéphane MARTINE étale ses écumes non immaculées, la basse d'Emmanuel PLAT gratouille par-dessous ceux trop bien assis, et les cajon, bendir, udu, derbouka et autres didjeridoo de Laurent JOLLY embroussaillent les sentiers rythmiques trop rectilignes. Et c'est compter sans la plume, meurtrière autant que meurtrie, du chanteur Loïc CHAVIGNY. Non seulement elle fustige le «crachat des armes turgescentes» et l' «odeur du canon frémissant» (Livioù Lou), le «monde impur que l'on embrasse» (Satori Breizh), mais elle décèle, à la faveur d'une trêve révélatoire, le «beau temps écumant qui coule dans la chair de tes yeux» (Son el Menfi), elle dessine «Molène, île chauve et basse» (Moal Enez Izel) et elle livre, dans un trop-plein de lucidité, cet aveu meurtri : «Je suis nu dans ma désobéissance» (Son Lakota).

Chemin faisant le long des dix morceaux qui composent ce nouvel album, WIG A WAG grince et fait grincer. La faconde est effrontée, l'écorchure grisante, la danse déboussolée et l'émotion musicale aux abois. C'est en faisant siffler les tempêtes extatiques que WIG A WAG revisite le répertoire breton (Gwerz Jenovefa, Serjeant Major, C'est une jeune fille...) et se fait un point d'honneur de jouer la fille de l'air sur d'autres sentiers. La citation d'une prière indienne lakota dans Son lakota, le recours à une langue inventée sur Son el Menfi et la référence à Jack KEROUAC avec Satori Breizh attestent de la soif de bourlinguer de la charrette mortuaire, dont les grincements suaves se modulent tant sur le registre du murmure («Sarah») que sur celui du tumulte («Safar»).

La Bretagne telle que WIG A WAG invite à la danser n'est certes guère orthodoxe, mais les sons et les teintes dont elle est parée en relancent à coup sûr la dynamique poétique, transgressant les coutumes pour mieux en privilégier les saveurs.

S.F.

WIG A WAG - An Naer O Nijal (Griffe/Sony)

Révélation "off" du Festival interceltique de Lorient 1999, WIG A WAG a remis le couvert cette année au même endroit mais n'a, curieusement, toujours pas bénéficié des faveurs du "in", qu'il mérite pourtant largement.

Il suffit de le voir "live" pour s'assurer que le groupe, fondé par le talabardeur Cyrille BONNEAU et le chanteur Loïc CHAVIGNY, Tourangeaux de fait mais Bretons d'origine et de cour, a tous les atouts pour séduire un public amateur d'un répertoire à base de danses bretonnes (gavottes, scottish, plinn, ronds, kas a barh.) aux arrangements ouverts aux colorations extérieures. A un chant tonique et malicieux, entre Yann-Fanch MARCHAND et Erik KEMENER (eh ?), se joignent ainsi un violon alto audacieux, une bombarde vigoureuse parfois remplacée par une flûte ou un saxo, une basse ronflante, un accordéon chromatique et des percussions lestes venant d'un peu partout.

WIG A WAG marche sans faux pas sur la voie ouverte par feu AR RE YAOUANK en prenant acte de la tendance au métissage, mais en douceur. La Bretagne y est en priorité célébrée, ses danses, ses sombres légendes et ses poètes maudits (en l'occurrence Tristan CORBIERE avec Le Phare). Malgré sa production de qualité, le disque ne restitue évidemment pas toute la dynamique du groupe ni le jeu théâtral du chanteur, sorte d'elfe extatique et goguenard.

Néanmoins, c'est un disque à écouter sans tarder, sous peine d'être fauché par la Camarde : "wig-a-wag" est en effet le grincement de l'essieu de sa charrette, et celui qui l'entend est dispensé de disparition prématurée. Voilà un argument promotionnel de taille ! Souhaitons donc que WIG A WAG fasse grincer plus de charrettes que de dents.

Druidix

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